Du droit à l’entrepreneuriat : un parcours hybride assumé
Agathe Lengereau commence par une licence de droit, suivie d’un master en droit des affaires, avant de compléter sa formation à emlyon business school, avec une spécialisation en entrepreneuriat.
Très tôt, elle hésite entre droit pénal et droit des affaires. C’est finalement sur les bancs de la fac, grâce à une alternance dans un cabinet de droit pénal, qu’elle développe un véritable goût pour la pratique. Elle y découvre un avocat passionné, pédagogue, qui lui transmet autant le savoir juridique que la réalité du terrain.
En parallèle, son passage en école de commerce lui apporte une ouverture d’esprit décisive : comprendre l’entreprise, la gestion, la stratégie, la création. Pour Agathe, mêler droit et école de commerce est un vrai plus, surtout quand on nourrit, depuis longtemps, l’envie de créer son propre cabinet.
Créer son cabinet : anticiper avant de se lancer
Monter son cabinet n’a jamais été une impulsion soudaine. C’est un projet mûri, réfléchi, préparé.
La principale source de stress avant le lancement ? La trésorerie.
Agathe fait le choix de mettre de côté un an de trésorerie, pour pouvoir lancer son activité sans pression immédiate, même en cas de chiffre d’affaires nul. Un filet de sécurité qui lui permet de se concentrer sur l’essentiel et qu’elle n’a finalement pas eu besoin d’utiliser.
Elle insiste sur un point clé pour celles et ceux qui veulent se lancer : aller à la rencontre des confrères, échanger, demander des retours d’expérience, observer ce qui fonctionne (ou non), notamment en matière de communication et de positionnement.
Avocate et cheffe d’entreprise
Aujourd’hui, Agathe gère des dossiers à l’international, en collaboration avec des confrères locaux, une dimension qu’elle apprécie particulièrement. Elle consacre aussi beaucoup de temps à la communication et aux réseaux, un levier devenu incontournable pour développer un cabinet.
Pour gagner en efficacité, elle investit rapidement dans des outils : logiciel de facturation, organisation interne, optimisation des process. Un héritage direct de son mémoire sur les legaltechs, rédigé à l’époque à l’école.
Zoom métier : l’abus de biens sociaux, au cœur du droit pénal des affaires
Agathe exerce principalement en droit pénal des affaires, et notamment sur les dossiers d’abus de biens sociaux.
Une infraction très spécifique :
- Elle ne peut exister que dans le cadre d’une société commerciale,
- Elle peut être commise par un dirigeant de droit, mais aussi par un dirigeant de fait (celui qui prend réellement les décisions, même dans l’ombre).
Les exemples sont parfois perçus comme anodins : utiliser la trésorerie de l’entreprise pour des achats personnels, se servir du véhicule de la société le week-end…
Ces faits ne sont pas toujours sanctionnés, mais ils peuvent devenir problématiques dès lors qu’une personne a intérêt à les révéler.
Les peines encourues sont lourdes : jusqu’à 5 ans d’emprisonnement, 375 000 euros d’amende, et des peines complémentaires. Pourtant, dans les faits, les parquets sont aujourd’hui saturés, submergés parle nombre de plaintes et le manque de moyens.
Dans ce contexte, Agathe prépare ses clients en amont :
- Anticipation du risque de perquisition
- Préparation de scénarios
- Éléments de langage pour les affaires médiatisées
Et la suite ?
Le cabinet n’a que six mois, mais la croissance est déjà là. Les ambitions aussi. Agathe envisage des recrutements, avec l’envie de structurer durablement son activité, sans perdre l’ADN qui l’a poussée à se lancer.
Un épisode qui parle autant de droit, que de stratégie, de gestion du risque et de réalité entrepreneuriale.